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Mais elle se refusa obstinément à quitter son Paris…

— « J’y ai été plantée. Si on me dépote, je sèche sur pied. Ne me parle pas de m’expatrier ! Même la banlieue, même ton Meudon, quand je m’y promène, je cherche de l’œil la tour Eiffel. Dès que la ceinture est passée, je me sens déjà à l’étranger. Le premier train de retour qu’on croise me fait envie. Il n’y a qu’à Paris qu’on peut respirer. J’y crèverai, la bouche ouverte ; — et qu’entrent dedans jusqu’au goulot, sa bonne odeur et son bon bruit !… »

Comme Annette ne voulait pas la violenter, ni la quitter dans cet état, elle s’arrangea pour rester à Paris, dans l’appartement des Davy, que George mettait à sa disposition, en l’absence de Julien. Elles s’y installèrent toutes les deux. George et Vania demeuraient dans la maison de Meudon, d’où ils venaient leur faire visite, une ou deux fois par semaine ; les autres jours, c’était Annette qui y allait ; et le téléphone portait le bonjour et le bonsoir, de la maison des rues à celle des bois. Une telle installation, qui n’était pas sans gêne, ni pour Annette sans fatigue, ne pouvait être que provisoire. Mais la vie de Sylvie