et ses raisons. Chacun sa charge ! C’est affaire à lui, et à nul autre. Défense aux autres d’y fourrer le nez ! Si ceux qu’on aime ont souffert, se sont trompés, ils n’en sont que plus à plaindre et à aimer. Demandons pardon si, sans le vouloir, nous avons surpris leurs secrets ! »
Mais Vania dit, l’air mauvais :
— « Qu’elle demande pardon ! »
Mais elle aurait pu le demander ! Il ne le lui eût pas accordé. Il tint rancune à Sylvie ; rien ne l’eût décidé à aller chez l’outrageuse de sa mère.
À force de harceler Annette sur le secret de l’enfant, Assia finit par savoir, sous forme discrète, la cause du refus de Vania. Elle affecta l’indifférence pour le mal que l’on pouvait dire d’elle ; et elle continua de bousculer le petit. Mais qu’il eût pris si passionnément l’offense, lui fut un baume au cœur blessé. Le jour du départ, passant près de Vania en coup de vent et n’ayant pas l’air de le remarquer, elle fit demi-tour, se jeta sur lui et l’étreignit avec violence :
— « Mon Marc ! mon Marc !… »
Elle passa les dernières heures, enfermée aux pieds d’Annette, agenouillée, avec des larmes et des cris étouffés, se déchargeant dans ce cœur qui était à elle, de tous ses secrets, de ses regrets, de ses passions, de tout ce qui occupait son âme insatiable. La main d’Annette caressait la tête de sa vierge folle, son front brûlant, ses yeux brûlants, son nez brûlant qui se frottait, comme celui d’un chien, sa bouche brûlante qui eût bien léché sa main, si elle eût osé. Et Assia, détendue, lui dit :
— « Vous pouvez encore m’aimer ? »
Annette répondit :
— « Je t’ai épousée. »
Assia dit, ironique :
— « Ah ! Ce n’est pas une raison ! »