des combats, — l’Europe révolutionnaire n’avait pas su s’organiser. Une incroyable timidité paralysait ces partis socialistes, que le parlementarisme avait, en deux générations, vidés de foi et d’énergie. Ils demeuraient ligotés dans un absurde souci de légalité, dont leurs adversaires, les grands bourgeois fascistes, plus évolués, ne s’inquiétaient guère pour les écraser. Par le plus dérisoire des paradoxes, ceux qui auraient dû, par tous les moyens et à tout prix, frayer la voie à l’ordre nouveau, se faisaient les soutiens peureux de l’ordre ancien et de ses principes mangés des vers, auxquels les chefs cyniques et lucides de la Réaction ne croyaient plus : (ils s’en servaient, quand les principes les servaient, et les violaient, quand les principes les gênaient.) Ces socialistes légalistes, que leurs rancunes fratricides contre les communistes rejetaient, de jour en jour, vers le passé, craignaient le combat, non seulement par crainte du combat, mais par crainte du résultat. Ils avaient peur de la défaite. Ils eussent eu peur de la victoire. Ils avaient perdu confiance en soi. Le sang de l’action se retirait d’eux… Et ceux chez qui ce sang coulait, les communistes, ne savaient pas où l’employer, le dépensaient en vaines querelles et en menaces, en poings levés, en chants de parade, en rodomontades, qui dispensaient des silencieuses et tenaces disciplines préparatoires à l’action réelle organisée, et qui éveillaient l’ennemi, qui l’incitaient à s’armer.
L’ennemi avait pris les devants. Ses chefs avaient su exploiter la panique imméritée, que ces bavards de la Révolution, par leurs menaces imprudentes, inspiraient aux troupeaux inquiets. Par toute l’Europe, le fascisme se posait en défenseur de l’ordre moral et social, du bas de laine, du coffre-fort, de la famille, de la patrie, de « la mère malade », et du Père Dieu. Les