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L’ère des batailles était rouverte. Depuis vingt ans, elle n’avait jamais été fermée. Mais la grande guerre de 1914 n’en était que la porte d’entrée. Et par la porte avait passé la Révolution.

Elle n’était pas seulement une explosion sociale, qui soulevait le sol, dans l’un ou l’autre pays. Elle minait, dans ses profondeurs, toutes les formes de l’esprit. Toutes les conceptions morales et sociales en étaient sourdement modifiées. La raison pure, qu’avait atteinte la connaissance de l’universelle Relativité, avait été, selon son droit d’aînesse — (on la prétend la dernière-née, je crois le contraire ; mais si c’était même, le droit d’aînesse, comme Jacob, elle l’a volé) — la raison pure avait été, la première, le théâtre de la Révolution nécessaire. Sans qu’on s’en doutât, elle exerçait son véritable rôle d’ « excitatrice souveraine du mouvement humain. » Comme le disait Schopenhauer, « oui, si la vie n’est pas un contre-sens et une déchéance, la Révolution est tout, enveloppe tout, et elle devient une grande métaphysique »  [1].

  1. Entretiens de Schopenhauer avec Frédéric Morin, en 1858. (Revue de Paris, 1864.)