— « Ma pauvre petite !… »
Assia s’écroula à genoux, cachant sa face dans les genoux d’Annette. Annette lui caressait les cheveux :
— « Bien sûr que tu es libre de ta vie ! Est-ce que tu ne sais pas que je serais là pour défendre ta liberté, si quelqu’un voulait te la contester ? »
Assia releva brusquement la tête. Ses joues étaient enflammées. Elle saisit les mains d’Annette :
— « Vous me défendriez, vous ? »
— « Ne l’ai-je pas toujours fait ? »
Assia baisa les mains avec emportement, et de nouveau s’enfouit le visage dans le giron d’Annette. Annette attendit un moment :
— « Allons, raconte !… »
— « Je n’ose pas… »
— « Ose, mon petit… Ce qu’on ose faire, il faut oser le dire. Et je le sais. »
Elle remontra peureusement ses yeux :
— « Vous savez quoi ?… »
Annette lui prit les joues entre ses mains :
— « Est-ce que ce visage a pour moi rien de caché ? »
— « Ah ! que vous devez me mépriser ! »
— « Mais non, mon petit : je te plains et je t’envie d’être encore une fois prise par la vie. Je l’ai été assez de fois, pour savoir ce que c’est. Grâce à Dieu, pour moi maintenant, c’est fini. Mais ce ne l’est pas, pour toi, grâce à Dieu ! Chère jeunesse, je vois encore dans tes yeux (ne les détourne pas !) beaucoup de joies, beaucoup de peines. Prends-les, ma fille ! Tu y as droit. »
Elle lui baisa les paupières.
Assia pleura :
— « Ah ! c’est affreux !… Je ne le voulais pas !… »
Annette la souleva du sol, tendrement ; elle l’assit sur ses genoux, elle lui essuya les yeux avec son mouchoir.