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faisait en lui, avant qu’il ait pu en rien répandre au dehors. »

— « Il a répandu son sang. Et ce sang pur est une lumière. »

— Celle qui l’aimait, sa jeune femme, en a frotté ses yeux. Et moi, la mère, j’y ai mis ma bouche. »

Et je vis les deux femmes couchées sur le mort, et le sang du mort autour de la bouche et des yeux d’or…

— « Laissez-moi, » dis-je, « mettre la mienne sur vos mains. Elles l’ont touché. »

Je baisai la paume de ses mains. Elle se leva. Je demandai :

— « Vous voulez partir ? Déjà ? »

— « Plus, je ne puis pour aujourd’hui. Nous avons communié en lui. »

Sur le pas de la porte que rougissait le soleil couchant, je lui demandai :

— « Je vous reverrai ? »

— « Je vous reverrai. »

Elle partit.

Elle m’écrivit, deux ou trois fois, — une fois l’an, aux approches de l’anniversaire, — de brèves lettres, qui s’arrêtaient aux premières lignes. Elle ne revint plus. Et je ne la revis que rarement. On n’avait pas besoin des mots, on communiait, comme elle avait dit, en son fils.