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leur, dans mon espoir. Debout ! ce n’est pas moi, c’est lui qui marche. Je lui donne mon corps. Mais dans mon corps, il marchera, mort, plus loin que, vivant, il n’a été. »

Annette vécut dès lors la vie de son fils. Elle avait transposé l’air de la flûte du chevrier. Le verre d’eau, c’était pour Marc, qui lui avait donné l’ordre d’aller le puiser. Agir pour lui ! C’était la plus certaine réalité. Et tout le reste était le Rêve, où l’âme se couche entre la tâche des deux journées, pour se reposer. À mesure que ses jambes se faisaient plus lourdes, et qu’elle devait s’asseoir pour souffler, elle s’enveloppait du Rêve, comme d’un châle sur ses épaules moites de sueur, — assise au bord de la route. — Mais elle se relevait et elle marchait, sans s’écarter jamais de la route.