emmaillés. Mais ils n’en faisaient sur ses membres qu’une épaisseur plus étouffante de linceul. Il était pris… Ils sont tous pris, les grands preneurs, les rois d’affaires, acier, pétrole, allumettes, armements ! Ils sont collés aux fils gluants du même réseau ; quand un fil vibre, ils le sentent au ventre, ils sont interdépendants ; et tous ensemble sont accrochés à l’étal de l’Araignée… la bête aveugle, qui a jeté son épervier sur la rivière de la vie. Le fatalisme économique régit l’écliptique de la société humaine, et entraîne à la remorque l’Esprit… »
Mais Marc proteste. Il ne consent pas à soussigner la capitulation. Il prétend maintenir libre en lui l’Esprit. Et il prend à témoin ses deux alliées, les deux fronts durs et obstinés d’indépendance, Annette, Assia. Annette dit :
— « Tiens bon ! »
Mais Assia, souriant avec ironie, lui dit :
— « Ton esprit libre, à quoi te sert-il ? »
Il a un serrement de cœur. Avec violence il proteste. Mais le coup droit a porté…
Stérilité de l’iadividuel… Il a beau chercher à se faire illusion :
— « Je suis un monde. Si je le sauve, n’est-ce rien ? »
Elle répond :
— « Un monde contracté sur soi-même, une étoile rouge qui s’éteint, ça ne réchauffe plus. »
Il dit :
— « Assia ! Même plus toi ?… »
Elle a pitié ; mais il lui est impossible de farder la vérité.
— « Si, mon petit. Je m’y réchauffe le bout des doigts. »
Cette pitié est encore pire que si elle disait crûment :
— « Mon cœur a froid. »