ment. Il la laissait, quand elle voulait, comme elle voulait, aller et venir, voyager et voir qui lui plaisait, sans lui demander compte de ses actes. C’était, avec une femme comme Ruche, le meilleur. Elle n’eût pas fait tort d’une ligne à qui lui faisait crédit plénier. Et à qui ne lui demandait pas ses comptes, elle les rendait exactement. Il n’ignorait rien de ses pensées. Et il savait ce que Marc avait été pour elle. C’était lui-même qui avait dit :
— « Vas-y, ma grande ! J’irais aussi, mais je te gênerais. »
Annette songeait à la vie qu’elle avait manquée avec Roger. Ce qu’elle eût voulu et ce que Roger lui avait refusé, ces deux jeunes gens, trente ans après, le réalisaient. Elle était si bien reprise par le souvenir qu’elle mêlait avec le présent le passé, et qu’elle dit :
— « Vous remercierez pour moi votre Roger. »
Ruche, sans comprendre, reprit :
— « Renaud. Erreur de nom de chevalier !… »
Elle raccompagna Annette jusqu’à Paris. Il était tard. Elle la laissa à la porte de sa maison. Elle refusa de passer la nuit chez elle. Elle prétextait qu’il lui fallait rentrer sur-le-champ, à Lyon ; et elle reprit le train, dans la nuit. En fait, rien ne la pressait de rentrer. Mais elle ne tenait pas à rencontrer celle que Marc avait épousée. On a beau se savoir sans droits et se prétendre sans jalousie, une femme n’est jamais volontiers l’amie de l’amie de l’homme qu’elle a tenu dans son lit. Elle écrivit, de Lyon, à Annette ; et fidèlement, la correspondance se poursuivit. Mais il fallut, pour la revoir, qu’Annette, plus tard, l’allât chercher dans son logis.