Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/437

Cette page n’a pas encore été corrigée

— « Ouf ! Sortons ! » fit Assia, les emmenant, tambour battant. Elle ne se sentait jamais à l’aise, sous ce dieu crispé qui guette au fond du trou.

— « Le diable », dit Marc, « n’aime pas l’eau bénite. »

— « J’aime l’eau libre », dit Assia, « l’eau de la terre, au soleil. Boive qui veut l’eau sacrée des bains de pieds ! »

— « Et tu aimes encore mieux l’eau des vignes ? »

— « C’est le sang de Dieu », dit la diablesse, fanfaronnant. « Allons pinter ! »

Ils s’acheminèrent gaîment à déjeuner. Ils avaient élu, près de l’Arno une trattoria. Chemin faisant, Assia plaisantait Annette sur son goût d’ombre et de dévotion. Elle disait que, si elle le lui avait connu plus tôt, elle ne l’eût pas épousée. Annette disait que l’ombre est nécessaire, pour mieux goûter la lumière.

— « Et la douleur pour savourer la joie… Je connais l’antienne », répliquait Assia. « Durch Leiden Fraude… Merci ! Je m’en tiens à la joie non trempée d’eau, comme le vin pur. Ma tête est de taille à la supporter. Je ne veux pas de larmes dans mon verre. Mon Marc tout pur… »

— « Ton Marc, ton Marc ! Accapareuse ! Part à deux ! C’est de ma cuve qu’il est sorti. »

— « Et quel rôle est-ce que je joue dans tout cela ? » protesta Marc. « C’est ridicule ! Fermez vos becs, les deux commères ! Je veux bien être bu et mangé, mais que ce soit au moins par le « grand gousier » de l’humanité. »

— « L’humanité, c’est moi », dit la gloute.

Mais elle ajouta :

— « On rit, mon loup, mais tu as raison. Et c’est pour cela que nous t’aimons. Je ne suis pas une accapareuse. Je veux que mon Marc soit pour