Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle n’essayait pas de se persuader qu’une supériorité de nature lui assurât, à elle et à ses rejetons, des droits privilégiés. Non ! Elle avait plutôt tendance à voir et à se prouver sans égards sa médiocrité. Médiocre, d’esprit ; médiocre de cœur, et plutôt au-dessous du médiocre ; médiocre de corps : disons laide !

— « Et qu’est-ce que cela me fait ? Est-ce que cela m’interdit d’avoir faim ? J’ai faim, comme lui. Lui, ce suçon : lui, il a faim de mon téton. Et moi, je cherche, comme un chiennot aveugle, le téton à mordre, sur les mamelles de la nature. Où se cache-t-il ? Il me le faut, et je le cherche avec mon nez et mes quatre pieds. Si j’ai pris cet homme avec moi, c’est pour qu’il m’aide à le trouver, à faire gicler du sein le lait — (fi du lait fade !) — le sang qui sourd du cœur de la vie… »