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en la vie. Non, il n’était pas possible que cette Italie, que cette terre des dieux et des héros fût telle que la représentaient la presse aux ordres des condottieri et ce décor de théâtre, brossé pour le scénario du Duce. Sous ce silence des bouches bâillonnées, nous savons bien qu’il est des âmes les plus libres, comme notre comte Chiarenza. Nous en connaissons chez les vivants, que nous éviterons de nommer, pour ne parler que des immortels sacrifiés, des Amendola, des Matteotti, et des Lauro, frères d’Icare[1]. Les noirs tyrans et les prêtres simoniaques, que Dante, aussi féroce qu’eux, mais dans la haine comme dans l’amour jetant les feux de son génie de diamant, a torturés dans son Enfer, furent engendrés de la même terre qu’ont jonchée les roses d’Assise et le sang de saint François. La plèbe abjecte qui déchirait, comme aux jeux du cirque, les nobles victimes des Bourbons, était la sœur des martyrs du Risorgimerdo et du peuple le plus humain du monde. Cette terre sacrée reste toujours pour notre amour celle de l’apôtre du droit des peuples : Mazzini. Il vit encore, notre Mazzini, dans les cœurs de tels de ces hommes opprimés, que ne pliera jamais l’oppresseur. Il suffit à Marc d’en rencontrer un seul, un jeune ami du comte Bruno, son alter ego, dans l’œuvre mutilée du Mezzogiorno, qui lui rappela, avec un sourire triste et fier, la parole héroïque d’Euphorion :

— « Une forteresse inexpugnable est la poitrine d’airain de l’homme… » [2].

La certitude se fit en lui que tous les assauts de la tyrannie s’y briseraient. « Credo… Je crois !… Je crois que l’Italie ressuscitera. Je crois en la vérité et la vie. »

Assia disait :

  1. Lauro de Bosis.
  2. Gœthe : Second Faust.