Assia lui dit, lui caressant amoureusement le front, les yeux, la bouche, dans son lit :
— « Ce n’est pas ta faute, mon chéri ! Ne te fais pas de mauvais sang ! On dirait que tu lui en veux, presque comme à moi… »
Elle pensait : — « Quand je t’ai trompé. » Elle ne le dit pas. Mais Marc montra, par un sursaut, qu’il avait compris. Elle s’enroula.
— « Pardon », dit-elle à voix basse, « pardon pour elle et pour moi !… »
Marc l’enserra :
— « Je t’aime mieux qu’avant. Mais je suis triste, pour elle, pour toi, pour moi, de ce qui a été. »
— « Je ne le suis pas », dit Assia. « Si tu m’aimes mieux (et je t’aime mieux) qu’avant, je me réjouis de ce qui a été. »
— « Oses-tu bien ! » dit Marc.
— « J’ose. Et ose ! » dit Assia, lui mordant le cou. « Nous ne sommes pas des oies blanches, qui se lamentent d’avoir sali le bout de leurs ailes. Nous sommes des canards sauvages, qui n’en voleront que plus haut, pour avoir plongé dans le ruisseau. Aime ta canarde ! Et aime cette autre (je te le permets), cette Italie qui, son long cou de cygne enfoncé dans la bourbe, montre au ciel son noir croupion, comme une tiare triomphale. Quand il aura bien mangé sa boue, le long cou remontera du fond, et le grand oiseau se remettra à l’endroit ; il n’en voguera que mieux, après, sur sa mare — « mare nostro »… Il y a temps pour tout : pour le bain de boue, pour le bain de brise. L’Italie fera comme moi. Je suis décrottée. J’ai pris mon bain. Et je te tiens. Dis que je sens bon l’air marin ! »
— « Tu es la sirène entortilleuse », dit Marc enlacé, l’enlaçant, — « même ta boue sent le varech. »
Elle lui rendait par son assurance joie et confiance