Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/424

Cette page n’a pas encore été corrigée


Elle ne disait pas que quand elle avait, dans le téléphone, parlé au banquier de son intention d’aller le remercier à Rome, la voix de Zara avait pris une intonation un peu gênée, et qu’il n’avait pas relevé la proposition. — Même, le soir, il retéléphona à l’hôtel d’Annette. Mais elle était sortie avec ses enfants ; et quand elle rentra, le portier oublia de l’en informer, il n’y songea que le lendemain matin, au moment où les trois voyageurs allaient prendre le train pour Bologne. C’était trop tard pour communiquer avec Rome. Annette ne sut jamais ce que Zara voulait lui dire. Et Zara, qui, depuis leur rencontre en Suisse, avait pris ses informations, après avoir balancé entre deux partis, l’un d’amitié, l’autre de prudence, s’arrêta définitivement au dernier, et garda le silence. Il était fataliste, dans la mesure où le fatalisme favorisait sa tranquillité : puisque la chance n’avait pas voulu qu’il trouvât Annette, au téléphone, la veille au soir, restons-en là ! Il avait fait son devoir…

Annette eût jugé prudent de retourner. Ce début de voyage l’inquiétait. Mais il mettait en joie Assia, enchantée d’avoir crevé la toile d’araignée tendue aux portes. Son tempérament d’aventures y trouvait son