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cite, signor cavalière : car vous m’avez procuré pour mon journal une copie impayable. »

Elle avait attendu au dernier moment, pour lui apprendre qu’elle était correspondante d’un journal américain. Il en faillit suffoquer d’émoi. Annette, d’un geste le calma, disant que l’incident était clos. Marc mit fin aux protestations de dévouement qui recommençaient, en montrant aux envahisseurs la porte, d’un geste raide, sans un mot, Après, il la leur claqua au dos, tandis que Assia riait d’un rire aigu, qu’elle forçait.

Annette, la faisant taire, leur reprocha de manquer de prudence et demanda qu’ils lui éclaircissent enfin l’affaire. Marc raconta. Assia le laissait aller, malignement, guettant ses mines et son récit furieux, confus, et elle pouffait, car il ne parvenait pas à comprendre ce qui s’était passé ; il ne connaissait pas le mot de l’énigme. Finalement, elle le lui dévoila : — Il s’en était allé porter à son adresse la lettre de Buonamico. Bien entendu, comme Assia s’y attendait, les porteurs avaient été pincés dans la souricière par les agents postés à la porte. Mais quand la lettre avait été ouverte, en leur présence, le commissaire y avait lu, les yeux ronds :

— « Si vous voulez attraper le poisson, changez la mouche ! Le Buonamico est éventé. »

Marc prit une physionomie hébétée.

— « Mais quoi ? Mais quoi ? » dit-il. « Et c’était lui qui m’avait remis la lettre !… »

Annette avait compris :

— « Brigande ! » dit-elle à Assia. « Et qu’y avait-il dans la vraie lettre ? »

Assia la récita par cœur. La lettre exposait, comme à un complice, un plan fantastique de conspiration contre le régime. On priait le pseudo-conjuré de faire