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ternée, quand, à l’énoncé du message, la voix, répétant le nom de Mme Rivière, s’exclama, puis s’indigna. Il y eut un colloque véhément, où le commissaire confusément expliquait les événements ; l’autre, invisible, fulminait ; le commissaire discutait, s’excusait, battait en retraite. Les deux femmes et Marc se taisaient, tâchant de suivre, happant les éclats de voix qui éructaient de l’appareil et les aveux maladroits de l’agent, qui laissaient voir que la police était tombée dans le panneau qu’elle-même avait apprêté, et qu’en voulant venger sa première gaffe, elle trébuchait dans une seconde trappe : car elle n’avait rien pu trouver qui légitimât l’arrestation. La mercuriale ne s’apaisait point. Le commissaire, écrasé, ne répliquait plus que par des protestations de dévouement. Annette lui prit des mains l’appareil — (il s’empressa de le lui passer), — et elle exprima au banquier ses excuses de l’avoir dérangé pour ce ridicule incident. Elle le remercia, accepta son invitation de l’aller voir à Rome, quand elle y passerait un jour prochain, et voulut bien hautainement couvrir la maladresse des policiers anxieux qui l’écoutaient, en déclarant que tout maintenant était arrangé. Le commissaire se hâtait d’acquiescer et, le téléphone raccroché, il se confondit en excuses verbeuses ; il s’offrait, avec ses hommes, à refaire les malles qu’ils avaient défaites ; mais Assia jugea que c’était assez d’une fois qu’ils se fussent essuyé les pattes à son linge, et elle les en dispensa. L’alerte passée, et rassuré sur les conséquences de son faux pas, le commissaire avait retrouvé son assurance de galanfuomo, et il tournait un lourd compliment à la jeune femme, se félicitant de l’avantage que ce malentendu lui avait procuré de passer une après-midi en aussi charmante compagnie.

— « Moi aussi », lui répliqua-t-elle, « je m’en féli-