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Les premiers jours de flâneries, aux rives heureuses du lac d’opale d’où fleurissent les Borromées, furent, ainsi qu’elles, des îles des fées. Le roucoulement des colombes s’exhalait sous l’ombre chaude des jardins avec le souffle des orangers ; et s’égrenaient avec le rire des trois écoliers en vacances, les chromatiques de leurs rames paresseuses. Ils étaient tous les trois sans soucis, sans poids, le corps heureux, l’âme allégée, pareils à ces duvets de pissenlits qui flottent au ras de la prairie. Annette n’était pas la moins jeune des trois. Elle grimpait allègrement, malgré son cœur. Et elle redescendit à pied du Mottarone sur Baveno, par les glissants et durs sentiers pierreux ; elle avait, le soir, les pieds meurtris, et le lendemain, les chevilles gonflées. Elle n’eut garde de l’avouer. Mais à Milan, à l’arrivée, il fallut rendre les armes. Quand elle voulut sortir de ses draps, elle cria, elle avait les reins courbaturés ; elle dut abdiquer, pour vingt-quatre heures, et passer la journée au lit.

Les deux autres oiseaux n’en perdirent pas une becquée ; elle-même les chassa de la chambre : — « Picorez dans les rues et les musées !… » On n’avait en tout que quinze jours pour la tournée en Italie. Il ne