Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/414

Cette page n’a pas encore été corrigée

Julien et George ramener l’enfant à Paris. Par discrétion, Annette offrit de rentrer aussi. Mais Assia lui dit :

— « Si l’on te prenait au mot, tu serais bien attrapée ! »

Annette dit :

— « C’est vrai. Ne m’attrape pas ! »

Rien n’était décidé cependant ; et le lendemain, ils furent surpris, lorsque Buonamico, les abordant, le visage souriant, leur demanda :

— « Quand partez-vous ? »

Marc, feignant de ne pas comprendre, éluda la question. Assia, renfrognée, inculpa le bavardage d’Annette. Mais Annette jura qu’elle n’avait point parlé. Dans l’après-midi, Assia, se promenant sous les ombrages exotiques du beau jardin au bord de l’eau, aperçut assis au détour d’une allée le vieux gentleman lecteur du Times, qui causait avec Buonamico. — Annette fut gênée, lorsque, le soir dans le hall de l’hôtel, Assia, voyant le noble vieillard s’installer à une table près de la leur, s’interrompit au milieu de l’entretien et, se levant, dit, à voix claire :

— « Allons causer ailleurs ! »

Les explications qu’elle leur donna, à l’autre coin du hall, ne satisfirent point Marc. Ce n’était pas qu’il n’en fût frappé ; mais il se montrait impatienté des soupçons perpétuels de Assia ; il affectait de n’en point tenir compte, comme d’une disposition d’esprit féminin, inquiète et agitée. Il la traitait de pusillanimité. Rien ne pouvait plus mortifier Assia.

C’est pourquoi il fit la bravade, les jours suivants, de ne pas éviter Buonamico, bien qu’il n’eût aucun plaisir à le voir ; et même il le mit au courant de ses projets de voyage. Assia, froissée, le laissa faire. Buonamico encouragea Marc avec chaleur. Il lui traçait