Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/406

Cette page n’a pas encore été corrigée


C’était, je crois, la veille de leur départ pour le Tessin, que je les vis. J’étais assis sur une prairie, au dessus du chemin accroché au flanc de la montagne. Ils ne me virent pas. Je reconnus Marc au bras de sa mère. Je remarquai les attentions que Marc montrait pour faire passer à sa compagne, qui semblait laisse, un petit ruisseau. L’enfant trottait, cueillant des fleurs, avec Assia qui s’attardait, grimpant sur le talus comme une chèvre. Elle vint près de moi, guigna au-dessus du banc où j’étais assis un nid de violettes, sans se soucier de moi les arracha, m’aspergeant de terre, et ressauta en bas. Elle avait d’une chèvre aussi les yeux d’or. Je regardais surtout Annette. Un grand bonheur baignait ses traits. À un moment, quand Marc se pencha, cherchant des pierres afin de lui faire franchir le petit ruisseau, je vis comme elle couvait de son regard la tête fine de son garçon. Ils disparurent au tournant. Je pensais les trouver, le soir, à l’hôtel. Ils n’y étaient point. Et quand, le lendemain, je m’informai de leur adresse, j’appris qu’ils étaient partis, par le premier train.