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Coulèrent les jours bienheureux, les plus confiants, les plus intimes. La mère et le fils avaient maintenant ouvert la porte du silence, les fausses barrières morales. Ils partageaient fraternellement les secrets communs, qu’ils évitaient jusqu’alors de se livrer. Et ils avaient la joie de retrouver, chacun dans l’autre, ses propres faiblesses et ses élans, les mystérieux courants de sa vie. Ainsi, bien des énigmes de leur destinée, qui les troublaient isolément et même que chacun à part se reprochait, s’éclaircissaient ou s’apaisaient, en étant portées par tous les deux. Ils souriaient de se confesser leurs imprudences et leurs erreurs, leur goût du feu, leur goût du risque, qui leur avait fait, plus d’une fois, à leurs dépens, chercher le danger et se brûler aux âmes « dangereuses ». Ils devaient convenir qu’ils préféraient leurs brûlures à la tiédeur tranquille de tant de « braves gens », qu’ils connaissaient. Ils se reprochaient leur froideur pour ces « braves gens »… Ils les estimaient… Ils les estimaient… Ces « braves gens !… » C’était la jument de Roland. Elle est sans défaut. Mais elle est morte… Il n’y a point d’espoir ! Le ferment de vie, la révolte, leur manque. Cette brave terre, épuisée, ne produit plus. Il faudrait, pour la renouveler, l’engrais