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Qu’ils étaient, tous les quatre, libres, légers, heureux, au départ de Paris ! Il leur semblait y avoir laissé toute la charge des soucis et l’ombre du passé. La moins jeune de cœur n’était pas Annette. Elle jouissait du bonheur revenu chez ses enfants et de cette partie de vacances qu’ils s’accordaient ensemble. Si elle s’était fait scrupule de les accompagner, elle n’avait pu cacher sa joie que Assia lui fît violence pour accepter ; elle l’avouait franchement, et son visage rayonnant amusait Assia. Annette surprit le regard moqueur :

— « Tu te fiches de moi ? »

— « Je vous admire !… »

— « C’est le même… »

— « Vous avez la mine de recommencer la vie. »

— « Je la recommence, chaque matin, avec vous, les commençants. »

— « Pas seulement avec nous. »

— « Quoi ? pas seulement ? »

— « Vous la recommencez bien, pour votre propre compte ! »

— « J’ai, ma foi, peur que tu ne dises vrai… C’est honteux, hein ? à mon âge !… »

— « Oh ! que non ! Quand j’y serai, je voudrais