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Nous ne répéterons pas ce que Annette répondit. À Gauloise d’adoption et tondue, Gauloise chevelue ! Ce fut Marc qui rougit.

Ils faisaient leurs plans ensemble, lorsque George entra avec Vania. Aux premiers mots du projet, elle cria :

— « Emmenez-moi ! Je serai la nurse. »

Assia dit :

— « Pourquoi pas ?… »

George, pour garder l’enfant. Annette, pour veiller au ménage… Assia trouvait toujours moyen de mettre d’accord l’agréable et l’utile ; emmener deux bonnes compagnes, et se décharger sur elles de tous les ennuis. Elle avait cela de rafraîchissant, qu’elle le leur disait tout franc. Marc, honteux, s’excusait :

— « Mais non, mon bête », lui dit Assia. « Je leur fais plaisir. George a été fourmi. Il lui faut sa larve à lécher. Et quant à mère Annette, elle a du lait encore dans ses seins : je lui rends son suçon : — toi. Et même, part à deux !… Moi. »

George avait bien envie de tirer les oreilles de l’effrontée. Mais elle était ravie, au fond. Annette riait. C’était vrai ! Elle devenait « grande mère », — comme c’est l’instinct des saines femmes de son âge, d’où le sang ne s’écoule plus, et qui l’amassent avec un flot d’amour. Elle eût bien allaité quelques enfants de plus ! La décision prise, Marc, qui n’y tenait point, le jour d’avant, s’en trouva allégé. La joie commune le gagnait et (ses deux femmes avaient bien vu pour lui) il avait un soulagement d’échapper, pour un temps, à l’atmosphère de Paris, saturée de soucis. S’évader de soi ! Il avait le droit, après tant de labeurs, de faire l’écolier en vacances. Tout oublier, trois ou quatre mois. Pas de risques que l’on ne retrouvât, au retour, tous les