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Ainsi, la nuée continuait de s’accumuler, jusqu’à ce qu’une décharge fortuite décelât l’extrême tension de l’atmosphère et fournît à Annette une aide imprévue pour y enlever Marc, au moins pour un temps limité.

Marc et Assia participaient à la campagne internationale organisée annuellement par le Secours Rouge International, autour de la journée de lutte du 18 mars. On y avait lié à la commémoration de la Commune de Paris l’action de solidarité prolétarienne avec tous les détenus révolutionnaires politiques, dans le monde entier ; et l’on s’efforçait de mobiliser l’opinion publique pour la défense des peuples coloniaux opprimés par l’impérialisme des grands États. En ces années, sur tous les points de la terre, en Indo-Chine, en Chine, en Syrie et en Égypte, au Maroc, dans l’archipel Malais et au Congo, à Samoa, au Nicaragua, dans l’Amérique du Sud et à Cuba, la révolte s’allumait, sauvagement écrasée, mais toujours se rallumant sous la cendre, et menaçant de porter la flamme, d’un saut, par-dessus les océans et les déserts, comme un incendie de forêts. Marc avait plus d’une fois dénoncé le rôle prépondérant des grands Comités d’industries dans les guerres de conquête coloniale, et il avait publié des documents sur les envois secrets d’armes et de munitions par les maîtres de la mort qui rapporte, aux bourreaux d’Extrême-Orient, pour leurs féroces répressions et leurs rapaces expéditions militaires. Bien entendu, il était dénoncé à son tour, comme un ennemi de l’Europe et comme un traître à la civilisation. Il ne manquait pas de gens sincères et violents, que travaillaient les excitations des hommes des forges, dans la presse copieusement arrosée, et qui réclamaient son arrestation. Faute du pouvoir gouvernemental, dont ils insultaient la faiblesse, ils déclaraient qu’ils ferme-