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Un incident brusque et brutal lui en fit laper le délire.

Son nom était sorti décidément de l’ombre. On ne pouvait plus l’ignorer. L’appui manifeste de Julien Davy, dont l’autorité morale (et, davantage, académique ! ) s’était établie dans le monde savant, — l’appui des Ligues, dont Julien et Bruno faisaient partie, — forçaient le public à l’écouter. Et l’expérience du jeune combattant, précocement mûri par celle que lui avaient communiquée ses grands aînés, dirigeait ses coups directs aux vrais endroits où le colosse capitaliste était vulnérable : droit aux corsaires irresponsables de la finance industrielle, qui forçaient la main aux gouvernements, et qui tenaient les leviers de commande, — aux hommes des forges et des canons, — droit aux trusteurs, qui raflaient la presse et asservissaient l’opinion ! Dès l’instant où le combat ne se dispersait plus dans des idéologies vagues, mais que l’attaque visait au front les vrais ennemis, les groupes, les hommes, en les désignant par leurs noms, les Marc Rivière devenaient un « danger public » ; et sur-le-champ, ils se trouvaient en danger.