taient des arguments, pour qu’il agît selon sa loi propre et non la leur. Ils l’aidaient même à résoudre selon son sens, et non le leur, tel de ces problèmes qui l’arrêtaient, comme celui de la violence. Il y avait, pour le jeune homme, une sorte d’indulgence irritante dans cette façon de l’approuver, sans vouloir l’accompagner. Il dit à Brano, avec dépit :
— « Je ne peux pas tolérer votre dédain de ce que je fais ou veux faire. »
Bruno dit :
— « Je n’ai pas de dédain, mon cher garçon. Je vous dis : Bravo ! »
— « Pourquoi pas : bis ? Vous me le dites, comme à un acrobate, qui vient au cirque d’exécuter son numéro. »
Bruno rit, et lui dit :
— « J’ai exécuté le mien, mon ami. »
Marc, saisi, lui prit la main :
— « C’est vrai. Pardon ! Vous avez eu votre rude tâche. Mais si la mienne est juste, si vous l’approuvez, pourquoi ne pas en prendre votre part ? »
Bruno dit :
— « Je suis de la réserve, à présent, et vous de l’active. Chacun son tour ! »
— « Le combat », dit Marc, « a besoin de tous les combattants. »
— « Votre combat », dit Bruno, « n’est qu’un épisode de la grande bataille. Vous n’embrassez qu’un pan du champ. Ne vous occupez pas du reste de l’armée ! Chacun des corps a reçu ses ordres. Exécutez les vôtres. Avancez ! »
— « Et où est le chef ? » demanda Marc.
— « Le chef est devant », dit Bruno, « ainsi qu’au pont d’Arcole. Rattrapez-le ! »