Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/353

Cette page n’a pas encore été corrigée


Marc avait donc pris sa décision : se consacrer à la grande cause, se préparer à la lutte sociale, qui venait, en amassant toutes les forces qui lui étaient propres pour y servir, et en contribuant, dès maintenant, à l’organiser.

Ceci était, en fait, le plus difficile. Car un jeune intellectuel comme lui avait peine à trouver sa place juste dans les cadres d’un monde ouvrier, où il n’avait pas pris racine, et parmi de médiocres politiciens, dont la démagogie vociférante, qui avait désappris de parler, n’écoutait rien que son vacarme et ne se souciait point de raisonner. Il s’en fallait que l’Occident prolétarien eût été formé par la rude discipline d’un parti révolutionnaire, qui avait passé, comme celui de Russie, par un demi-siècle de proscriptions, de pendaisons, d’expériences sanglantes, cent fois manquées, renouvelées cent fois, et de méditations dans l’exil. La Commune de Paris n’avait été qu’un brasier. Il avait tout dévoré, pêle-mêle, sans rien laisser que sa tache rouge au ciel et ses fumées. Les ouvriers de France n’avaient pas acquis encore l’expérience de ces combats sociaux, où ils allaient s’engager. Ils ne l’acquerraient sans doute qu’au prix de plus d’un désastre, comme la