causera une répulsion. Elle te la cachera, elle se la cachera… Et cela durera, cela peut durer, ou des instants, ou bien des jours… Cela succédera aux plus ardents élans d’amour, et ils pourront y succéder. Ou bien, cela s’installera à demeure, sans bruit, sous la placidité de la vie quotidienne, pour une période plus ou moins longue, et sans que l’accord tacite, renouvelé de jour en jour, soit modifié. Mais le mal sera là, dans le cher cœur. Et ton cœur, à toi, n’y échappera point. Tu subiras, à tes instants, ou à tes jours, les mêmes poussées, les mêmes rongées. Le pire sera que tes heures ne seront pas les siennes : la levée de l’âme en révolte ne marque presque jamais la même heure aux deux cadrans. Ce sera peut-être le soir où tu t’approcheras d’elle, avec l’amour le plus fervent, que son cœur à elle te vomira. Et ce sera la nuit où son corps s’attachera au tien le plus éperdument, que ton âme furieuse lui soufflera : — « Va-t’en ! »… Mais tu ne le diras pas. Et elle ne le dira pas. Car vous aurez, chacun, honte de soi et pitié de l’autre… Honte et pitié… C’est bien ! C’est le premier pas. Grâce à ce pas, vos peines n’auront point été tout à fait perdues. La plupart des êtres, à condition qu’ils soient doués d’un peu d’humanité, en arrivent là, en restent là. — Mais il faut que toi, mon Marc, tu fasses un pas de plus. Il faut apprendre à regarder en face l’adversaire, comme tu me regardes en ce moment — (Ne bouge pas !) — et que tu lui dises : — « Tu es ainsi. Je t’aime, ainsi. Je t’aime, toi qui me rejettes, toi qui me hais, malgré toi. Pardonne-moi ! C’est la loi farouche de la révolte. Elle est aussi sacrée que celle de l’amour. Et peut-être que je t’aimerais moins, si tu n’étais pas capable de l’entendre… »
Elle s’arrêta de parler, mais elle continuait de lui serrer le front, et elle sentait battre la tempe contre