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cœur : la science, l’art et l’amour. Il en voyait trop bien les limites et les fumées — les fumeries d’opium. Il celait en lui un démon destructeur, dont lui seul connaissait les accès de lugubre bouffonnerie. Mais ils étaient refoulés par sa bonté native, qui craignait de meurtrir la foi et l’espérance des faibles, — et par un besoin affamé, inavoué, de tendresse, dont la vie l’avait sevré. Et il y avait enfin cette amitié qu’il avait tué, pendant plus de vingt ans, et où il venait de découvrir le sens nié de sa vie : — Annette. Il voyait bien que par cette porte rentraient en lui, à pas feutrés, la foi et l’espérance, et toutes ces illusions qui, par les autres portes, étaient sorties. Il savait bien… Mais il abdiquait, en pleine conscience. Il se faisait humble, afin d’avoir où croire, aimer et vénérer. Tant veut, pour vivre, l’âme prisonnière entre les barreaux de sa raison, que ses racines passent au travers, afin de puiser le sang de la terre.