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— « Fille sans respect ! »

— « Zut au respect ! Il nous embête. »

— « Qui, nous ? »

— « Vous, moi. »

— « Ne me mets pas dans le même sac ! Moi, je respecte tout. »

— « Tout respecter ? Vous ? Oh ! la la ! »

— « Quoi ! oh ! la la ?… J’aime et je combats : — donc, je respecte. »

— « Les règles du jeu ? »

— « Non, l’ennemi. On ne se bat pas bien, si on n’y croit. »

— « En lui plaquant, sous la mâchoire, un uppercut ! Ça, oui, j’en suis. »

— « Tu ne crois qu’au jeu. »

Et peut-être bien, des deux femmes, celle qui ne croyait qu’au jeu oubliait le mieux que c’était un jeu. Mais ni l’une ni l’autre ne s’en rendait compte.

Elles montèrent ensemble l’escalier. George avait sa clef. Elle précéda Annette dans l’appartement.

— « Papa », dit-elle, en ouvrant la porte de la chambre, « je te présente ta bonne amie ».

La foudre fût tombée sur Julien, qu’il n’eût pas été plus anéanti. Il n’eut même pas la force de se lever. Annette dit :

— « Pardonnez-moi ! Julien, votre fille est un diable. Comment avez-vous fait pour la fabriquer ? »

— « Je sais bien, moi, sur quel modèle on l’a taillée », cria George.

Annette la poussa vers la porte.

— « Toi, ma petite, fiche-nous la paix ! Vide la chambre ! Et ne va pas — (je te connais !) — coller ton oreille contre la porte !… »

George se récriait.

— « Oui, oui, oui, oui, » faisait Annette. « Tu en