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George revint le lendemain, dès le matin. Elle revint le soir. Et les jours suivants. Le vestibule était rempli de fleurs. Il n’y eut plus assez de vases pour les contenir. Elle les apportait par brassées. Elle s’installait à la maison, elle tutoyait déjà Assia, et elle avait pris possession du garçonnet. Assia le lui laissait volontiers choyer, torcher, et promener. Elle savait employer les dévouements, et elle avait vu, du premier regard, les dispositions de l’amazone à se faire bonne d’enfants. George était de celles qui ont obscurément la faim de l’enfant. Si l’on pouvait avoir l’enfant sans l’homme ! On le lui offrait tout planté ; et c’était une bouture d’Annette. Double bonheur ; et prétexte à prendre racine dans la maison ! Il fallait qu’Annette lui rappelât qu’elle avait la sienne, et son père qu’elle négligeait. Elle passait des heures, assise aux pieds d’Annette, sur un siège bas, ou sur le parquet, avec l’enfant. Elle parlait, ou ne parlait pas : peu importait, tout ce qu’il lui fallait, c’est d’être là. Son attirance était singulière. Elle n’eût su elle-même l’expliquer. Et Annette lui demeurait inexplicable. Si Annette voyait George, comme elle était, (ou à peu près), jamais George ne vit Annette qu’à l’image du double romanesque qu’elle s’était construit. Et Annette le savait,