Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée


Qui, cette fois, lança la balle ? — Un inconnu. Un partenaire, venu d’Italie. Pour lui aussi, c’était l’occasion qui lui avait fait rencontrer Annette. Mais ce n’était pas seulement l’occasion, c’était le destin de vie, c’était une parenté de pensée, qui l’avait rapproché de Julien, et qui allait faire de lui, sous l’impulsion de George, le messager qui rouvrit les portes entre les deux vieux amis.

Annette ne l’attendait guère !… Ce matin-là, elle était assise, lasse, les jambes rompues, dans un coin de sa chambre, qu’elle nettoyait. Elle n’avait point de domestique, seulement une femme de journée, qui venait quelques heures, pour les gros travaux du ménage. Elle était seule, passablement abandonnée par ses enfants qui, n’ayant plus de peines à lui apporter, gardaient pour eux leurs plaisirs et leur activité : (l’activité à deux est le plus grand plaisir !) Elle n’avait pas le mauvais goût de s’en plaindre. C’est le métier de mère ! Quand les enfants sont satisfaits, ils la congédient de leurs pensées, comme une bonne femme de charge. Elle a fait son service et s’en va… Annette souriait. Mais elle avait les reins endoloris. Elle n’était plus jeune. Et elle avait porté plus que son compte de ses tourments et de ceux des autres. Elle s’engourdissait