reux. Le reste était à Dieu… (Le reste c’était, s’il plaisait à Dieu, que Julien fût damné… ou bien qu’il ne le fût pas… Constance espérait sincèrement qu’il ne le serait pas. Mais toutefois, s’il l’était… eh bien, elle préférait n’y pas penser ! On a déjà bien assez de troubles avec soi !…)
Aussi, quand Julien, touché, non sans remords, de l’air de victime résignée que sa femme prenait maintenant, tenta, pour s’excuser, d’expliquer sa pensée, d’une façon élémentaire, comme un instituteur à une fillette de sept ans, elle eut un geste d’effroi : — « Non, non ! C’était trop fatigant !… Et puis, s’il arrivait qu’elle comprît !… Comme dans une course de glacier, on se trouve attachée par la corde à un fou qui dérape… Merci bien ! Je préfère ne pas être attachée… Pauvre Julien ! »
Elle dit qu’elle était trop bête pour comprendre ; (elle était fière et heureuse de l’être… « Heureux les pauvres d’esprit ! » ) Pauvre Julien !… Et de penser que ce pauvre homme était en train de déraper seul, fit qu’elle s’ingénia à se faire toute douceur, à lui confectionner une vie douce, quiète, bonne cuisine…
— « C’est bien le moins qu’il ait quelque plaisir, dans cette vie d’ici-bas !… »
Julien ne s’abusait pas sur la vraie signification de la bonté de sa compagne. Du moins, il avait la paix, à son foyer. Ce n’était pas un feu très chaud. Mais, le collet relevé, dans son manteau de pensée, il pouvait travailler, sans risques d’être troublé. Il ne fallait pas en demander plus à la vie. Puisqu’il l’avait a ratée !… » Car, il l’avait « ratée ». Cela, il en était sûr. Il en avait le sentiment sourd et obsédant. Il se gardait de l’analyser. À quoi bon, maintenant ? La chance était venue. Et il avait fait pis que la laisser passer : il l’avait rejetée. Il avait divorcé d’avec celle qui aurait dû être la