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« Il l’attrapa, sur ses lèvres de sucre il la baisa, fort contre son cœur il la serra. Un peu couchés ils demeurèrent, et du reste aussi un peu ils firent… Allons, assez ! je n’en dirai pas plus… »

Ainsi raconte le conte populaire de Maria-la-belle-Natte-noire, que « Natte-Noire » Assia, pleine de contes, conta à Vania, plus d’une fois.

Mais cette lune ne ressemblait pas à la première lune de miel. Ce n’était plus le miel de fleurs, miel de printemps. Mais miel d’automne (et cependant, ils étaient si jeunes !) miel de sapins, d’âpre parfum, sombre et doré. C’est le plus brûlant, l’amour mûri par la douleur. Il ne se dépense plus en jeux prodigues. Il n’a besoin que de la présence, là contre soi, du bien-aimé. Il ne se lasse point de le palper, de tous ses sens, avec tout ce que la vie nous a donné, ce corps étroit, qui nous dessine et nous limite, sans nous contenir tout entiers… « Bien-aimé, bien-aimée, est-ce bien toi ?… »

« Amantito, amantito,
Amante, amante,
Les cils me gênent pour te regarder ! »[1]

  1. « Las pestanas me estotban
    Para mirarie
    . »