Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée

quaient, comme une coléreuse contradiction ; mais il n’arrivait à les disjoindre, il était pris et labouré entre leurs ongles. Il respirait, avec l’odeur des flancs de Assia, le vide mortel de cet individualisme sans fenêtres, sans portes sur la grande vie des hommes et sur l’action, où il avait prétendu la murer avec lui. Plus franche que lui et plus folle, cruelle, brutale, livrée à l’instinct, Assia avait enfoncé les murs. Elle avait passé sur son corps. L’instinct vital ne l’avait pas trompée. Elle était plus proche de la nature. Elle avait été vraie. Elle avait fui, fui la mort, — comme une foule en proie à la panique qui, enfermée dans un incendie, se rue sauvage à la sortie, sans se soucier du compagnon. !

— « Elle a bien fait !… »

Marc, malgré lui, le confessait, et il entendait ses propres lèvres, où sa langue léchait le goût de la salive de Assia, — ses lèvres qui, malgré lui, s’ouvraient pour dire :

— « Sauve-toi, chérie ! Et Dieu soit loué que tu te sois sauvée !… Pour ce qui est de moi, qui n’ai pas su te sauver, que je me sauve, si je peux ! Si je ne peux pas, que je meure ! Ne te retourne pas pour me regarder ! C’est à moi seul, de me sauver. Et tu m’as montré le chemin… »