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Et qu’ils y viennent, le plus tard possible. Qu’ils aient l’illusion d’être oubliés par le fossoyeur. Ainsi, l’on vit. La paix, leur paix, c’est le petit mur du cimetière, derrière lequel on ne voit pas, on ne veut pas voir ceux que, de l’autre côté, on met en terre, — les exploités, les opprimés, qui paient, ainsi que tu dis, de leur agonie la bonne vie ou le luxe des autres. »

— « Alors, que faire ? »

— « Mener notre paix et notre guerre. Eux et nous, nous n’appelons rien du même nom. »

— « J’enjambe le mur du cimetière. »

— « J’ai gratté le mur avec mes ongles ; et par la fente, je vois le jour sur les champs libres. »

— « Non, je ne vois rien, je ne veux rien voir, si tous les autres ne voient avec moi. Ou être aveugle avec tous, ou avec tous partager le jour ! »

Annette lui baisa les yeux.