Ces colombes de l’Arche venaient de loin ! Il en était qui, dix ans avant, étaient corbeaux des champs de bataille et croassaient pour demander la tête des pacifistes prématurés, non patentés. Si vous vous en montriez surpris, ils eussent sans doute répliqué qu’il y a temps pour tout : hier, la guerre ; aujourd’hui, la paix. Marc, dont « l’inopportunisme » natif, hérité de sa mère, reniflait, méfiant, à vingt pas, tous les « opportunismes », considérait d’un regard torve la ruée subite de ces étranges « gardiens de la paix ». D’où leur venait la consigne ?… Il n’eut pas longtemps à chercher. La paix, qu’officieusement l’État, l’Église, l’Université, les pouvoirs publics encourageaient, était une paix bien pensante, — la même qui huile la bouche de ces curés, que les gros patrons des industries ont établis dans leurs églises bâties en loges de concierges, à la porte de leurs usines, en face du bar et du bordel, afin de sanctifier leurs exploitations et d’infiltrer aux exploités, avec la syphilis et l’alcool, l’évangélique acceptation, — la paix du vol légalisé et paraphé, la paix à profits des traités, la paix des profiteurs de la paix (de la guerre d’hier, de la guerre de demain : ce sont les mêmes.) Les pauvres gens ne sont pas de la confrérie. Ils ne touchent rien. Ils sont touchés. On leur remplace les profits par les prêches : le Dieu des riches est toujours prêt à faire tomber sur le peuple des ventres-creux sa manne de paix, d’idéalisme et d’amour. Des vieux Jésus du Palais-Bourbon péchaient à la ligne les poissons, en récitant leurs Sermons retors sur la Montagne ; ils engageaient les péchés et les pêcheurs à s’entr’aimer, les dépouillés à faire le sacrifice de leurs biens, pour les beaux yeux de la Paix. Quant à prêcher ce sacrifice à ceux qui s’étaient engraissés des dépouilles, lanlaire !… Ces vieux Jésus avaient fait la
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