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— « On ne m’aura pas !… Et pas plus vous, petites femelles (maudite soit l’odeur de femelle ! tout le reste de ma vie ne suffira pas à m’en laver !…) et pas plus vous que les grands mâles de Moscou… Je ne me rends pas. Comme la vieille garde. Et je ne mourrai pas… Mais ce n’est pas à vous que je dis le mot du maréchal ! C’est à ces neutres de la pensée, à ces savants qui pratiquent superbement, stupidement, l’inhumaine « science pour la science », sans souci des résultats pour l’humanité… »

Et le hasard fit que, s’arrêtant à un étalage de libraire et feuilletant, en bougonnant, un volume signé d’un illustre bactériologue, il accrocha de son regard toujours en chasse l’image burlesque, peinte par lui-même, du savant occupé à créer de toutes pièces une maladie infectieuse. Le microbite n’y était pas, hélas ! arrivé, — jusqu’à présent ; il déplorait de n’avoir pas réussi encore à « combler brillamment cette lacune » : transformer un microbe saprophyte en un microbe pathogène. Il se consolait par la pensée qu’il avait, du moins, remporté le brillant succès de rendre leur virulence à des microbes pathogènes qui l’avaient perdue, et même d’exalter cette virulence à un