contraint. Et il le cache. Nul ne s’en doute (que les yeux de Ruche). Et puis, il est fier et tyran, ainsi que tant de ceux qui sont jaloux de leur propre indépendance : ils le sont aussi de la dépendance à leur caprice de ceux qui les entourent. Il veut à soi seul ce qu’il aime. Il n’est pas si naïf que de ne pas savoir qu’il ne l’aura point. (Et qu’en ferait-il, s’il l’avait ?) Alors, il dit : — « Tout ou rien… Rien ! »… Rien jusqu’à la prochaine explosion !
Tolstoï prétend que la chair assaille ceux qui la nourrissent trop bien. Marc aurait quoi lui répondre ! Les jours sont rares, où il mange à sa faim. Aux ventres creux le feu n’en brûle que mieux.
Il a vu baisser rapidement l’étiage de sa petite réserve d’argent ; et, à sa honte, il n’est pas capable d’y suppléer. Il se figurait qu’il saurait bien se débrouiller par ses propres moyens, et qu’un garçon sobre, actif, intelligent, pouvait toujours gagner à Paris le peu qui lui est strictement nécessaire. Mais il faut croire que ce peu est encore trop : il ne gagne pas. Et d’ailleurs, sait-il s’en contenter ? Il se privera héroïquement, cinq jours ; mais le sixième, il ne résiste pas, la bouilloire saute : en un quart d’heure, il jette l’argent de toute une semaine. Un jeune garçon est trop tenté ! Il serait un monstre, s’il n’avait point de tentations, — un monstre et demi s’il ne cédait parfois aux tentations Marc n’est pas un monstre, assurément, ni un monstre et demi ! Il cède. Et après, immanquablement, il est navré, moins encore de sa faiblesse que de son absurdité. L’inutilité ou l’ineptie de ce qu’il a désiré l’atterre. Que possède-t-on — être ou objet — l’instant d’après qu’on l’a possédé ? Rien dans les doigts ! Rien dans le cœur ! Tout vous a fui… Alors, il s’inflige — (bien mauvais remède !) — une nouvelle période d’austérités. Naturellement, il explosera une fois de plus, enragé. — Et s’il sait perdre son argent, il n’a aucun talent pour en gagner. La souplesse d’échine lui