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Assia était bien décidée à ne pas épouser Marc. Ce n’était pas une question de loyauté envers Annette. C’était une volonté bien arrêtée, un refus de sa nature à se laisser atteler à deux… « J’aime, je t’aime, je te donnerai aujourd’hui ma vie, ma mort, mais je ne te donne pas mon demain. On ne me rive point !… »

Annette, qui n’avait pas les raisons de Assia pour se faire illusion, savait mieux ce qu’il en était, ce qu’il en serait…

Les deux amants, loyalement, se répétant : — « Nous nous aimons, en restant libres » — faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour qu’ils ne le fussent plus. Ils s’acharnaient à lier l’autre et à se lier. Annette, revenue après trois semaines passées à Londres pour l’enquête — (Timon, se rendant de Londres à Bruxelles, mystérieusement avait disparu, tombé d’avion : meurtre ou suicide ? Une main secrète avait raflé tous les papiers qui auraient pu aider à déchiffrer les circonstances) — Annette, qu’avaient capturée, pendant ces semaines, ses devoirs envers le mort, le rangement des ruines, et ses remords — (si elle ne l’avait pas laissé seul, serait-il mort ?) — Annette, rongée par ces pensées, mais les gardant enfermées pour elle seule, avait retrouvé à Paris Marc et Assia pris aux lacs de la passion, qui avait, jour après jour, tissé sa toile autour d’eux. Et à présent, que pouvait-elle ? — Les séparer ?