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Quand, après plusieurs jours anxieux, Marc reprit connaissance, son regard trouble encore s’éclaira, en retrouvant le tendre visage de sa mère. Il lui sourit ; et ce fut pour elle un délice. Mais le regard qui tâtonnait, au-dessus de l’épaule de Annette rencontra les sourcils froncés, les yeux pailletés de Assia ; et il s’immobilisa, étonné, interrogeant, s’interrogeant, cherchant à comprendre ; il revint aux yeux de la mère et elle y lut l’interrogation. Derrière elle, Assia n’avait point parlé… Ainsi, ils ne se connaissaient point ? Elle observait, en silence. La réserve ombrageuse de Assia ne permettait point qu’on la questionnât. Elle continuait de remuer Marc sur l’oreiller, de disposer de lui, comme si elle avait des droits sur lui. Et Marc, muet, se laissait faire, n’osant demander, fasciné par cette présence qu’il ne pouvait s’expliquer, et cherchant à retrouver la clef de l’énigme dans les lueurs éparses de ses nuits de fièvre. Il avait l’étrange appréhension que s’il formulait une question, l’apparition s’évanouirait. Après des efforts qui retombaient, l’esprit retrouva la piste. Un jour se fit dans la pénombre. Mais il avait besoin d’en être sûr, et, pour pouvoir le contrôler, il était gêné par la présence de sa mère. Enfin, il profita d’un instant où elle était éloignée et où Assia se penchait sur lui, pour chuchoter :

— « Vous êtes ma voisine d’à côté ? »

Elle dit :