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— « Que tu t’engages envers moi à ne plus jamais recommencer. »

— « À chaque fois que je recommencerai, je viendrai, avant, te demander la permission. »

— « Et si je refuse ? »

— « Je t’obéirai. »

À la raillerie avaient succédé brusquement un ton de voix ferme et sérieux, et des yeux francs, qui disaient :

— « Fini de jouer ! »

— « Tope ! dit Marc. Tu es liée. »

Ils se prirent les deux mains.

— « Et maintenant, dit Ruche, dépliant ses jambes du fourreau, allons manger ! J’ai une faim… »

Elle sauta sur le plancher.

Marc était embarrassé. Sa bourse était plate. Ruche s’en doutait. Elle lui dit effrontément :

— « Et je t’entretiens. C’est moi qui paie ! »

Marc protestait énergiquement.

— « Mon petit, tu en passeras par ma volonté. Autrement, il n’y a rien de fait ! Je recommence ma tuerie. »

Marc discutait.

— « Ferme ton bec ! Tu le rouvriras devant l’assiette. »

— « Ruche, tu veux m’humilier. »

— « Mais certainement ! C’est excellent pour ta santé. Tu crèves d’orgueil. Il faut que je le saigne. Tu m’as lessivée. Chacun son tour !… Et dis-moi, n’est-ce pas ? Tu n’as jamais mangé de l’argent d’une femme ? »

— « Sûrement que non ! »

— « Parfait ! tu mangeras du mien. »

Elle se frottait les mains, fit une pirouette, lui prit le bras, le lui pinça dans l’escalier, et sortit avec lui, dans la rue.

Au restaurant d’étudiants, ils dévorèrent la viande saignante. Ruche ajouta à l’ordinaire un entremets,