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Une dure revanche. La rancœur d’une enfance de misère et de honte. Fils d’une fille d’auberge périgourdine et d’un client de passage, dont elle n’avait même pas vu le visage dans la nuit. Elle avait réussi, intrépidement, à cacher son fruit, jusqu’à l’heure où, trimant comme une bête harassée, elle l’avait sorti sur le carreau d’une chambre qu’elle était, à quatre pattes, occupée à laver. On l’avait trouvée dans son sang avec l’enfant. Il était trop tard pour renvoyer l’indésirable là d’où il était venu. Il manifestait par ses braillements une prise puissante de la vie. Mais on les renvoya tous les deux, la mère et l’enfant, dès qu’elle put de nouveau tenir sur ses quilles.

L’existence qu’elle mena par la suite, elle ne l’a racontée à personne, et personne ne s’en est soucié. Il ne fut rien qu’elle n’acceptât ; rien ne lui coûtait, si dur, si bas, qui lui apportât le manger : elle avait cette ténacité inexplicable à la vie, de ces bêtes qui n’ont de la vie que la peine ; mais ne se présente pas à leur esprit l’idée de la quitter. Et elle avait cette autre ténacité de la femelle à son fruit, tant qu’il n’est pas assez mûr pour se détacher. Après, qu’il roule ! À la nature, de s’en charger ! Le petit Gueuldry, quand il partit se louer, la première fois, en avait assez vu pour être déjà endurci à toute honte. Elle n’avait pas essayé de lui cacher les siennes. L’aurait-elle pu, dans la promiscuité où ils vivaient ? Elle avait misé