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ne sais pas agir comme vous ; moi, toute action me fait peur. Je ne suis pas faite pour vivre dans ce monde. Je veux, je vais partir, me retirer dans un couvent de Carmélites. Mon père le permet, ma mère pleure, et ma sœur me blâme ; mais je ne pourrais plus demeurer avec les miens : il me semble qu’ils font, à tous les instants, souffrir Notre Seigneur Jésus !… Mon Dieu, qu’est-ce que j’ai dit ? Ne me croyez pas. Madame !… Ils sont bons, je les aime, je n’ai pas le droit de les juger… Non, ne m’écoutez pas !… Ah ! si vous aviez été chrétienne !…

Elle se cachait le visage entre ses mains.

Annette, maternellement, la calmait, de sa main, posée sur la nuque d’Ursule inclinée. Elle disait :

— Pauvre petite ! Oui, vous avez raison.

Ursule releva la tête :

— Vous ne me désapprouvez pas ?

— Non.

— Je fais bien de m’en aller ?

— C’est peut-être mieux pour vous.

— Et vous ne me blâmez pas de me retirer, au lieu d’agir, comme vous ?

— C’est encore agir. À chacun son action ! Je