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l’eût fait. Cette volonté, ce calme lui en imposaient.

Derrière la cloison, Marc écoutait, sans bien comprendre, le murmure confus de la discussion des deux sœurs, les éclats de voix irritée de Sylvie, qu’un geste d’Annette faisait baisser de ton et mettre la sourdine, puis des embrassements furieux, et le silence : Sylvie se mouchait ; elle, la femme aux yeux secs, elle avait pleuré…

Les deux femmes, debout, tendrement enlacées, se contemplaient ; et Annette, baisant les yeux de Sylvie, lui contait, à mi-voix, longuement, toute l’histoire, l’amitié de Germain, l’évasion de Franz, la mort. Sylvie ne songeait plus à blâmer la folle générosité de sa sœur ; elle ne la mesurait plus à l’aune commune, à la sienne ; elle lui reconnaissait, à elle seule, le privilège d’agir et d’exister, selon une loi supérieure à la loi ordinaire. Mais, derrière la cloison, le garçon jaloux était meurtri qu’on le tînt en dehors de la confidence. Il se serait gardé de la solliciter. Sa fierté attendait qu’on vînt la lui apporter.

Il rongeait son frein, le jour suivant, quand arriva Pitan. Il sortait de sa Thébaïde. Annette entendit l’exclamation joyeuse de son fils, qui ouvrait la porte, et elle laissa tomber l’ouvrage