Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée

et l’admirait. Il admirait sa fierté, son calme, et son silence. Il la découvrait ! Enfin ! — Et il trembla de la perdre, car elle était menacée.

Annette ne remarqua rien. Un seul devoir l’occupait, et elle était pressée. Avant même de voir sa sœur, à peine fut-elle rafraîchie et restaurée qu’elle s’habilla et sortit. Marc balbutia timidement une offre de l’accompagner ; elle l’écarta, d’un geste ; et il n’insista pas. Mortifié, il tremblait de s’attirer une nouvelle blessure. Elle alla chez Marcel Franck. Il était devenu un rouage important de la machine à broyer. Il s’était faufilé au secrétariat particulier du ministre-président.

Sans se donner la peine de préambules inutiles, elle lui conta l’histoire. Marcel en tomba de son haut. Son premier sentiment n’eut rien de bienveillant. Elle vit, pour la première fois, un Franck qui avait perdu le sourire — ce cosmétique d’ironie qui faisait à son visage une seconde nature. Et même, pour quelques minutes, il fut bien près de manquer à l’élémentaire courtoisie. Il ne voyait qu’une chose en cette affaire : c’était que cette toquée l’avait mis dans de beaux draps ! Qu’elle