et plus sûre de soi qu’elle n’était. Dans son attention à s’observer, elle ne sut pas l’observer. Elle ne vit point qu’il n’était plus celui que, trois mois avant, elle avait laissé… Comme celui qu’on connaît est toujours différent de celui qu’on connaît !… Jamais on ne connaît qu’une image passée. Et l’image nouvelle est un nouveau-venu, dont on n’a point la clef…
La veille de son arrestation, Pitan, qui se savait filé, avait pu faire parvenir une lettre à Sylvie. Il la priait d’avertir Annette qu’elle ne s’inquiétât point, qu’il prenait tout sur lui. Rien de plus. C’était assez. Sylvie, sans rien savoir de précis, avait, depuis l’été, flairé l’étrange aventure. Et elle s’alarma. Dans quelle équipée sa folle s’était-elle engagée ? Impossible de l’éclaircir ! Pitan était au secret. Et de l’absence d’Annette, elle ne savait rien de plus que ce qu’Annette lui avait écrit : qu’elle avait été chargée de conduire en Suisse un blessé. Sylvie, à mots couverts, confia son souci à Marc. Il devina le reste. Le souvenir de sa rencontre mystérieuse, près de la gare de Lyon, en décembre dernier — (il n’en avait soufflé mot à personne) — ressurgit. Il avait là-dessus bâti tout un roman. Sans le livrer à sa tante, il