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tuner, veillât un peu sur lui et, de loin, pourrait la tenir au courant de sa santé.

Dans un chalet voisin, deux dames habitaient. Mère et fille. Deux Baltes. Elle vivaient à l’écart. La mère, toujours en deuil, grande, forte, d’allure aristocratique. La fille, vingt-six ans, presque toujours étendue. Une abondante chevelure d’or pâle, fine, serrée, et nattée. Point jolie, la mine rongée, grande aussi, et la taille élégante, mais atteinte d’une tuberculose des os, qui depuis deux ou trois ans qu’elle s’astreignait à un traitement rigoureux, était en voie de guérison. Elle boitait un peu. — Les deux femmes faisaient, l’après-midi, une courte promenade ; elles n’allaient pas très loin ; Annette et Franz, revenant de leurs courses, les rencontraient à courte distance du logis. On rentrait de compagnie. Appuyée sur sa canne, la boiteuse, par amour-propre, ou par indifférence, n’essayait point de dissimuler son infirmité. On n’échangeait que des paroles banales. Ni d’un côté, ni de l’autre, on n’était curieux des secrets du voisin. Mais, de maison à maison, on se rendait quelques services, et on se prêtait des livres.

Annette pria Mme de Wintergrün de vouloir