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nuits qui avaient suivi, quand il revoyait la scène, de rage il mordait son oreiller. Mais naturellement, il se serait fait tuer, plutôt que d’en laisser rien soupçonner. Ses lettres à sa mère, froides, hautaines et distantes, s’appliquaient à montrer qu’il ne tenait point à elle. Le pire était qu’Annette, absorbée par des soucis plus poignants, ne paraissait pas le remarquer ! Elle répondait quelque billet banal et pressé. La poste s’en mêla. Sa lettre du premier janvier mit plus de quinze jours à arriver. Et une crise terrible de Germain, qui pendant vingt-quatre heures tint suspendues à lui toutes les forces d’émotion d’Annette, lui fit oublier totalement l’anniversaire de la naissance de Marc. On a beau afficher le mépris pour la sentimentalité, — il en aurait pleuré ! Des larmes, vite essuyées ; mais elles brûlaient encore ; et il n’aurait su dire si c’était de déception outragée, ou d’un autre sentiment que l’outrage ne permettait pas d’avouer. Annette n’en connut rien.

Quand elle s’aperçut, ensuite, de son oubli, elle en eut de la peine ; mais elle jugea inutile de la lui avouer… Puisqu’il paraissait (nouvelle preuve de son insensibilité !) ne s’en être pas soucié !… Ah ! s’il eût été comme Franz, expansif et