chemin glacé, où fleurissaient, sous le ciel trouble de la fin de février, les primevères. Elle écoutait, très loin, très lent, le glas voilé dans le silence. Et elle s’appliquait à ce que Franz n’entendît point. En le berçant de ses paroles, elle perçut le sifflet du train qui partait… Une pointe d’aiguille dans la poitrine… Il est parti… — Et l’ami mort fut mort deux fois.
Il fallait penser à celui qui restait. L’autre n’avait plus besoin de nous. Jusqu’à cette heure, il absorbait la pitié d’Annette, Il n’était plus à plaindre, désormais. Et la pitié reflua vers le vivant. Le mort le lui avait confié :
— Je te le lègue. Prends ma place ! Il est à toi.
La pitié, avec Franz, avait libre carrière. Il n’était pas comme Germain, qui se raidissait contre elle, et ne voulait point être plaint. Franz demandait à l’être. Il ne mettait aucune pudeur à montrer sa faiblesse. Annette lui en avait reconnaissance. Il trouvait aussi simple de lui demander son aide qu’à elle de la donner. C’était une jouissance, dont elle avait été sevrée. Son fils, ainsi que Germain, la lui avaient trop marchandée ! … Cette race d’hommes orgueilleuse, qui serre les dents sur ses émotions, qui a honte