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Les Chavannes partirent, les vivants et le mort — le plus vivant — la lumière, éteinte, de leur race. Comme dans ces catafalques du passé, où l’on portait, derrière le char et les blasons, la torche renversée. Les adieux avec Annette furent brefs et guindés. Mme de Seigy-Chavannes, la sœur, se contraignit, avec sincérité, à exprimer la gratitude qu’on lui avait pour ses soins dévoués ; et, malgré l’antipathie cachée, elle fit l’effort de l’embrasser. Mais d’un pareil effort la dette sembla payée. Seule, Mme de Chavannes, la mère, mouilla de ses larmes les joues d’Annette, et l’appela : — « Ma fille… » — Mais ce fut en cachette. Elle eût été disposée à l’aimer ; si étrangères que lui fussent ses pensées, elles les eût tolérées ; en dehors de la religion, tout ce qu’on pouvait penser lui était indifférent. Mais elle était faible… Sa tranquillité d’abord ! Il ne fallait rien faire qui risquât de troubler la maison… On se dit : « Au revoir ! » Et, de l’une et de l’autre parts, on savait bien qu’on ne se reverrait jamais.

Annette était enfermée avec Franz, durant que se déroulait la double cérémonie de l’église et du départ. Elle la suivait, en pensée. Elle se voyait, marchant, au milieu du cortège, sur le